Mantet, petit village de bergers…




Mantet, 1500 m d’altitude, une histoire… raconté par Guy.

« Il est historiquement prouvé que Mantet, petit village de bergers, existe depuis plus de mille ans. Un des vestiges remarquables de cette période est l’église romane qui a survécu aux outrages du temps. Près de deux cent personnes vivaient ici il y a cent cinquante ans! Et on “vivait bien à Mantet” me raconta un jour “Patchet” mon ami de quatre-vingt-dix ans.

Toutes ces femmes et hommes dans ce minuscule village, perché dans la montagne, on dirait presque un conte de fées… un conte de fées très bien organisé !
L’histoire raconte encore que chaque jour un homme descendait à Py (le village en-dessous) avec un âne chargé de deux tonneaux de vin vides. Et chaque jour, l’âne et son accompagnateur revenaient, les tonneaux pleins bien sûr !
Celui qui montait aussi tous les jours, c’était le facteur, même les jours de neige, il venait alors en skis !

Mais un jour tout a changé. La nouvelle génération a voulu quitter Mantet, vers Perpignan, Marseille…là où il y avait du travail et la possibilité d’un “ailleurs”.
A Prades, sous-préfecture du département, on commence à s’inquiéter. “Tout le monde s’en va de Mantet, même l’instituteur est parti!” On décide alors qu’il faut construire au plus vite une route vers Mantet, pour sortir ainsi les Mantetaïres de leur isolement.
C’est en 1964 que fut enfin achevée la route sinueuse qui relie ce village isolé au monde extérieur. Et c’est à ce moment-là que se produit un évènement imprévu: les derniers habitants (trois familles) profitent de l’occasion pour quitter le village avec armes et bagages.

Mantet devient alors un village fantôme. Seuls quelques éleveurs y reviennent en été pour faire pâturer leurs troupeaux. Cette période dure une dizaine d’années et puis les temps changent.

Quelques jeunes gens choisissent Mantet pour y mener une “nouvelle” vie. Ils disposent de nombreux atouts: l’énergie de la jeunesse, l’espace, la liberté, des maisons vides, un climat doux et tempéré…
Ils bravent les critiques et railleries des gens de la vallée qui n’y croient pas. Ceux qui restent inventent une vie nouvelle hors des sentiers battus.
Aujourd’hui ces pionniers sont toujours là. Ils organisent des treks, tiennent des gîtes, travaillent pour la réserve naturelle, ils sont accompagnateurs de montagne, font du fromage de brebis, élèvent des chèvres, et racontent la vie d’ici, celle des isards, des vautours, l’hiver…

Ce qui rend Mantet unique, c’est son chemin d’accès: un passage obligé par le col qui culmine à 1760m. Un détail important pour les cyclistes parmi vous : ce col est classé “hors catégorie”.

Quand vous passez le col, il vous faut encore descendre deux kilomètres pour arriver au village. Un panorama de montagnes se déroule à perte de vue le long du parcours, depuis le bas de la vallée qui surplombe le village jusqu’à la frontière espagnole où domine le pic de la Dona à 2705m d’altitude »

Guy, un des pionniers qui avait choisi Mantet pour y mener une autre vie a rejoint ses montagnes pour toujours en 2020

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